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“Un besoin urgent de révolutionner la bioproduction”

Président d’Ypso-Facto, Roger-Marc Nicoud travaille depuis sept ans, avec son équipe de 25 personnes à Nancy, à la mise au point de nouveaux outils de développement et de pilotage des procédés industriels. Une expérience qu’il a notamment acquise chez Novasep, société qu’il a fondée et dirigée pendant 20 ans. Et qu’il va mettre aussi à profit dans le cadre du projet CALIPSO piloté par Sanofi pour répondre « au besoin urgent de révolutionner la bioproduction ».

Cet expert en simulation et modélisation prédictive sera présent à la 6ème édition du Congrès France Bioproduction 2022, organisée par Polepharma et Medicen Paris Région, sur le campus de CentraleSupélec de Paris-Saclay, les 7 et 8 avril prochains. Un événement fédérateur post-Covid, attendu par tout l’écosystème, pour faire le point sur des enjeux forts comme la digitalisation de la production, sur lequel Roger-Marc Nicoud interviendra et partagera son expérience.

 

Ypso-Facto a choisi de prendre part et figure parmi l’un des premiers sponsors du Congrès France Bioproduction. Pourquoi ?

Ypso-Facto a l’ambition d’aider les entreprises du secteur des sciences de la vie à améliorer, optimiser, développer ou évaluer leurs procédés d’obtention de molécules chimiques et biologiques. Cela répond à un besoin urgent de révolutionner le secteur de la bioproduction et l’accès aux biomédicaments au cours des prochaines années. Les industries biopharmaceutiques élaborent des molécules de plus en plus sophistiquées dans le sens d’une médecine personnalisée. Mais les méthodologies pour les développer et optimiser les bioprocédés peuvent encore être améliorées. Avec l’espoir de diminuer les délais de développements et les coûts. Notre objectif est donc de mettre au point des procédés plus sûrs, plus verts, plus économiques, plus efficaces notamment grâce à des outils numériques (Proxima, Ionic) et une méthode innovante (GPX) basée sur l’expertise humaine (Guess en anglais), la Prédiction et l’eXpérience.

Le Congrès France Bioproduction, co-organisé par Polepharma et Medicen, est donc – pour nous – une excellente opportunité d’échanger et de partager sur nos avancées et nos objectifs auprès des acteurs majeurs français qui y sont présents et de contribuer, de manière concertée, aux débats sur la transition numérique, la compétitivité et la recherche d’indépendance.

En quoi cette édition est-elle importante cette année ? 

Après deux ans de restrictions sanitaires, nous avons tous envie de reprendre le chemin des événements physiques. Le Congrès France Bioproduction est une chance de retrouver de bons moments de convivialité et de collaborer à nouveau « en présentiel ». D’autant que le besoin de communiquer n’a jamais été aussi fort chez Ypso-Facto qu’en 2022, une année qui se présente sous le signe de l’innovation, avec le lancement de notre suite logicielle Ypso-Proxima pour faciliter le travail transversal, et la commercialisation de la nouvelle version de l’app Ypso-Ionic pour les industries des biotechnologies.

Au Congrès France Bioproduction, vous avez choisi d’intervenir sur le thème de la digitalisation. Quelles opportunités la transition numérique représente-t-elle pour la production demain ?

La digitalisation de la bioproduction est un très vaste sujet, qui recouvre des ambitions et des objectifs très variés. Il y a la volonté de numériser et d’organiser des données afin de pouvoir les partager et les utiliser de façon efficace. Il y a également l’ambition de concevoir des procédés plus performants et d’améliorer leur contrôle afin de minimiser les non-conformités par exemple. Enfin, il y a l’idée de remplacer des expérimentations coûteuses et longues par de la simulation prédictive et de l’intelligence artificielle.

L’objectif est bien entendu de gagner du temps, de réduire les coûts, les risques d’échec de production, d’augmenter la productivité et donc la compétitivité des entreprises. Compte-tenu de ces enjeux, le sujet de la digitalisation suscite un intérêt croissant. De nombreuses initiatives sont en cours et des progrès réalisés, mais le chemin est encore long pour atteindre les ambitions affichées. Ce qui exige d’avancer avec constance et détermination, les clés du succès !

Soutenu par Bpifrance, le projet CALIPSO réunit cinq acteurs publics et privés autour de Sanofi pour doper la productivité. Quelle est la contribution d’Ypso-Facto et en quoi ce projet est-il clé pour Polepharma et Medicen, et la filière de Bioproduction dans son ensemble ? 

Le projet CALIPSO (Capteurs en Ligne de procédés et Solutions Innovantes en Bioproduction) vise à développer une nouvelle génération d’outils qui révolutionneront les processus industriels de contrôle de la bioproduction.

Fort de notre expertise en bioprocédés et en simulation prédictive, notre objectif est de développer des solutions logicielles pour soutenir la production de thérapies innovantes.

Nous travaillons sur trois outils logiciels et axes de travail. Le premier est de visualiser et d’analyser les données de recherche et de production afin d’extraire des informations significatives pour une prise de décision rationnelle. Le second vise la simulation prédictive des bioréacteurs de fermentation et de culture cellulaire ; et le troisième, la simulation prédictive des systèmes de purification par chromatographie d’affinité, par échange d’ions ou par interaction hydrophobe. Ces outils logiciels contribueront à accélérer le temps de développement des procédés, améliorer la productivité et minimiser l’impact environnemental.

Ce partenariat avec Sanofi est clef, pour nous, à plusieurs niveaux. Il va nous permettre d’accélérer le développement de notre offre, en nous concentrant sur une vraie problématique industrielle que Sanofi a bien voulu partager avec nous. Avec l’opportunité de travailler dans la vraie vie et sur de réelles difficultés. Nous allons également agir en synergie avec les différents acteurs du projet qui apportent des compétences complémentaires : CapGemini Engineering, CEA, CentraleSupélec et GPC Bio.

C’est un projet très structurant pour la filière et la première fois que nous avons un partenariat aussi étroit avec un acteur industriel.

Quel impact espérer pour cette nouvelle édition du Congrès France Bioproduction ?

L’environnement de travail de la bioproduction est aujourd’hui mondialisé. Nos équipes collaborent – au travers de nombreux échanges – à l’échelle planétaire. Un contexte qui rend d’autant plus importantes les initiatives qui rappellent que l’on est Français. A trop courir le monde, on oublie parfois ses racines ! Il est donc essentiel de faire prendre conscience aux acteurs de la bioproduction en France – voire en Europe – qu’ils ne sont pas seuls et que l’on bénéficie d’un écosystème en vie réelle performant pour travailler dans le sens de l’indépendance sanitaire. Cette prise de conscience de la nécessité d’avancer ensemble est un point très positif issu de la pandémie.

Propos recueillis par Marion Baschet Vernet